Qu’est-ce que la dépression ?

Le trouble dépressif est caractérisé par une tristesse tous les jours ou une perte d’intérêt et de plaisir.

La maladie touche beaucoup plus les 18-29 ans que les plus de 60 ans, jusque 3 fois plus. Les femmes sont aussi jusqu’à 3 fois plus touchées que les hommes.

La dépression est souvent confondue avec du chagrin ou une baisse de moral qui ne vont durer que quelques jours et qui sont souvent expliqués par un évènement extérieur (perte financière, problème familial, etc).

On parle de trouble dépressif lorsque les symptômes sont présents depuis au moins deux semaines et qu’ils témoignent d’un changement significatif des émotions et des pensées.

Cet épisode peut durer plusieurs semaines, plusieurs mois voire davantage. Le patient ressent une grande tristesse ainsi qu’une perte d’intérêt ou de plaisir pour toutes les activités initialement plaisantes ou presque. Le pessimisme effacera les moments heureux du passé, teintera le présent de fadeur et envisagera un avenir sans intérêt.

Une autre caractéristique de la dépression qui la différencie d’un “chagrin“ sera l’attitude du patient à avoir des pensées culpabilisantes et/ou dévalorisantes vis-à-vis de lui-même (se sentir nul, ne pas se sentir capable), du monde qui l’entoure et aura une perspective désespérée de l’avenir. Des idées noires peuvent être présentes.

Le trouble dépressif entraînera aussi une diminution de la concentration, des troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie), une sensation de grande fatigue, une modification de l’appétit (en plus ou en moins), un retrait social ou encore un “laisser-aller“ concernant le prendre soin de soi ou l’hygiène corporelle.

La dépression, si elle n’est pas traitée, peut avoir des conséquences très impactantes. Elle peut conduire à un retrait social et professionnel total, à l’abus de substances comme l’alcool ou les drogues voire au passage à l’acte suicidaire dans les cas les plus graves.

Voici quelques témoignages de patients atteints de dépression dans leur quotidien.

CRITÈRES DIAGNOSTIQUES SELON LE DSM-5

Écrit par l’Association américaine de psychiatrie (APA) depuis plus de 60 ans, le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM), est l’ouvrage de référence pour les maladies mentales. Voici comment reconnaître le trouble dépressif :

Attention, ces critères ne sont qu’un guide, seul un entretien avec un psychologue ou un psychiatre pourra poser un diagnostic.

A. Au moins 5 des symptômes suivants doivent être présents pendant une même période d’une durée de 2 semaines et avoir représenté un changement par rapport au fonctionnement antérieur ; au moins un des symptômes est soit (1) une humeur dépressive, soit (2) une perte d’intérêt ou de plaisir.

NB : Ne pas inclure les symptômes manifestement attribuables à une autre affection médicale.

  • 1. Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours, signalée par le sujet (ex. : se sent vide ou triste ou désespéré) ou observée par les autres (ex. : pleure ou est au bord des larmes). NB : Éventuellement irritabilité chez l’enfant ou l’adolescent.
  • 2. Diminution marquée du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités pratiquement toute la journée, presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).
  • 3. Perte ou gain de poids significatif en absence de régime (ex. : modification du poids corporel en 1 mois excédant 5 %) ou diminution ou augmentation de l’appétit presque tous les jours.  NB : Chez l’enfant, prendre en compte l’absence de l’augmentation de poids attendue.
  • 4. Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours.
  • 5. Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constatés par les autres, non limités à un sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement intérieur).
  • 6. Fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours.
  • 7. Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être délirante) presque tous les jours (pas seulement se faire grief ou se sentir coupable d’être malade).
  • 8. Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les jours (signalé par le sujet ou observée par les autres).
  • 9. Pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan précis, plan précis pour se suicider ou tentative de suicide.

B. Les symptômes induisent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel, ou dans d’autres domaines importants.

C. Les symptômes ne sont pas attribuables à l’effet physiologique d’une substance ou d’une autre affection médicale.

NB : Les critères A à C caractérisent l’EDC (Épisode Dépressif Caractérisé).

NB : La réaction à une perte significative (p. ex. décès, ruine financière, perte secondaire à une catastrophe naturelle, affection médicale ou handicap sévères) peut inclure une tristesse intense, des ruminations au sujet de cette perte, une insomnie, une perte d’appétit et une perte de poids notée au niveau du critère A, et peut ressembler à un épisode dépressif. Bien que ces symptômes puissent être compréhensibles ou considérés comme adaptés face à cette perte, la présence d’un EDC en plus de la réponse normale à cette perte doit aussi être envisagée. Cette décision demande que le jugement clinique tienne compte de l’histoire individuelle et des normes culturelles concernant l’expression de la souffrance dans un contexte de perte.

Pour constituer un trouble dépressif unipolaire, les critères D et E doivent s’y ajouter.

D. L’occurrence de l’EDC n’est pas mieux expliquée par un trouble schizo-affectif, une schizophrénie, un trouble schizophréniforme, un trouble délirant, ou un autre trouble psychotique.

E. Il n’y a jamais eu d’épisode maniaque ou hypomaniaque.

 

ÉVALUER LA PATHOLOGIE

Il existe de nombreux tests pour évaluer le trouble dépressif. Voici ceux les plus couramment utilisés :

– Inventaire de Dépression de Beck ou Beck Depression Inventory (IDB)

Crée en 1961 par le psychiatre Aaron T. Beck, Le modèle de la dépression d’Aaron T. Beck, reconnu comme fondateur de la psychothérapie d’approche cognitive,

L’Inventaire de dépression de Beck (IDB) est un des instruments de dépistage les plus largement utilisés pour mesurer la sévérité de la dépression chez les adultes et chez les adolescents.

L’inventaire est composé d’items relatifs à des symptômes dépressifs (tels que le désespoir et l’irritabilité, les cognitions (telles que la culpabilité ou les sentiments d’être punis), ainsi que les symptômes physiques (tels que la fatigue, la perte de poids et la perte d’intérêt pour le sexe).

– Echelle de dépression de Hamilton (HDRS-21)

L’Echelle de dépression de Hamilton (Hamilton Rating Scale for Depression en anglais : HDRS et abrégé par HAM-D) est utilisé pour évaluer la sévérité et l’évolution de l’état dépressif d’un patient au cours d’un entretien structuré.

– Échelle de Dépression de Montgomery et Asberg (MADRS)

Le Montgomery-Åsberg Depression Rating Scale (MADRS) est une échelle employée pour évaluer la sévérité de la dépression chez des patients souffrant de troubles de l’humeur. Elle est également utilisée pour mesurer les changements du traitement de la dépression.

La psychothérapie est l’indication principale de prise en charge non médicamenteuse d’une dépression légère. Les thérapies cognitives et comportementales, reconnues efficaces dans cette prise en charge, permettent un travail sur les systèmes de croyance de l’individu en utilisant des techniques cognitives, comportementales et de pleine conscience.

Dans les cas de dépression plus sévère, un traitement antidépresseur prescrit par le médecin ou le psychiatre vient en complémentarité de la psychothérapie.