Qu'est-ce-que la phobie sociale ?
1. La phobie sociale c'est quoi ?
La phobie sociale aussi appelée anxiété sociale est caractérisée par une anxiété excessive ou peur déraisonnable provoquée par une exposition au regard de l’autre.
Personnes touchés :
Cette pathologie concerne environ 12 % de la population adulte.

2. Comprendre la maladie
La principale caractéristique de la phobie sociale est une peur ou une anxiété générée par l’observation de l’autre. Nous appelons cela communément “la peur du regard de l’autre“.
Cette anxiété du patient est générée par l’impression d’être jugé négativement par les autres. Pour bien comprendre la maladie, voici le schéma de la pensée d’un patient atteint de phobie sociale :
Le patient va imaginer une situation (ex : un discours en public), il se dit qu’il va avoir un comportement qui rendra son anxiété visible (ex : rougir pendant le discours) par conséquent les interlocuteurs vont le juger et avoir une opinion négative sur lui. Il aura tendance à vouloir éviter la situation, c’est ce que l’on appelle “l’évitement“.
Cette façon de penser est transposable dans beaucoup de situations telles que :
Un patient atteint de cette maladie peut ne pas manger avec d’autres personnes par peur de trembler des mains en mangeant, il peut aussi éviter de parler à un inconnu par peur de ne pas trouver ses mots, ou il peut encore ne pas aller à une soirée par crainte de serrer des mains et de transpirer.
Peu importe la situation, la raison est la même : Il a peur que son comportement traduise son anxiété et par conséquent, il aura l’impression que son ou ses interlocuteurs le jugent fou, stupide, sales ou tout autres adjectifs le dévalorisant.
Pour les enfants, qui ne peuvent pas éviter, l’anxiété se traduit par des pleurs, des excès de colères mais il peut aussi “s’accrocher“ à son parent ou se mettre en retrait.
La pathologie a un impact important dans la vie du malade qui peut le couper du monde social, le mettre en difficulté son activité professionnelle ou bien encore, le mettre en échec scolaire si c’est un enfant.
3. Quel impact dans la vie quotidienne ?
Voici quelques témoignages du quotidien du patient atteint de phobie sociale :
« J’assiste à des événements, je participe à des situations sociales qui me mettent mal à l’aise, pour le travail ou à titre personnel, afin de ne décevoir ou offenser personne, mais j’en paie le prix ».
« Les gens prennent souvent mon silence relatif pour de la distance, mais je me tais parce que je pèse chaque mot, me demandant comment il va être reçu. Je suis terrifiée, convaincue qu’on va découvrir qui je suis une fumiste ».
« Même si j’ai l’air à l’aise lorsque je m’exprime, je passe des jours, voire des semaines, à analyser tout ce que j’ai dit, à ressasser ce que je pense être des bourdes, bref, à me torturer. C’est épuisant ».
« […] Ma phobie sociale peut déclencher et alimenter une anxiété plus générale ».
« Je n’évite pas toutes les fêtes et interactions sociales. Quand je me sens bien, j’aime la compagnie des autres, entretenir mes amitiés et en nouer de nouvelles. Mais si, en fonction d’autres facteurs ponctuels, certains environnements deviennent trop stressants pour moi, je dois les éviter pour mon bien-être mental. Neuf fois sur dix, cela n’a rien à voir avec la personne dont je refuse l’invitation. Dans mon cas, le “ce n’est pas toi, c’est moi” est sincère ».

4. Quels sont les causes ?
Facteur génétique
L’anxiété social peut-être est héréditaire, selon le DSM5, un parent du premier degré a 2 à 6 fois plus de risque d’en souffrir.
Facteur psychologique
La pathologie touche principalement les personnes effacées, en manque de confiance en elle. Ce type de comportement est souvent le résultat d’un traumatisme, d’un manque de soutien ou d’encouragement pendant l’enfance. Dans ce cas la pathologie se déclenchera généralement pendant l’adolescence.
Facteur éducatif
Les enfants avec peu de liens avec l’extérieur peuvent ne pas être habitués aux liens sociaux et développer une anxiété sociale.
5. Diagnostic et évaluation

Diagnostic selon le DSM-5 :
Écrit par l’Association américaine de psychiatrie (APA) depuis plus de 60 ans, le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM), est l’ouvrage de référence pour les maladies mentales. Voici comment reconnaître le trouble dépressif :
Attention, ces critères ne sont qu’un guide, seul un psychologue ou un psychiatre pourra poser un diagnostic
- A/ Peur ou anxiété marquée d’une ou de plusieurs situations sociales durant lesquelles le patient est exposée à l’éventuelle observation d’autrui. Des exemples incluent les interactions sociales (p. ex., avoir une conversation, rencontrer des personnes non familière), être observé (p. ex., manger ou boire) et des situations de performance devant des gens (p. ex., prononcer un discours).
Note : chez les enfants, l’anxiété doit se produire dans un contexte de pairs et pas seulement pendant les interactions avec les adultes.
- B/ La personne craint d’agir et de montrer des symptômes d’anxiété d’une façon qui sera jugée négativement (ex humiliante ou embarrassante, conduisant à un rejet par les autres ou à les offenser).
- C/ Les situations sociales provoquent presque toujours une peur ou une anxiété.
Note : chez les enfants, la peur ou l’anxiété peut s’exprimer par des pleurs, des crises de colère, se figer, l’enfant peut aussi s’accrocher à un parent, se mettre en retrait ou ne plus rien dire.
- D/ Les situations sociales sont évitées ou subites avec une peur ou une anxiété intense.
- E/ La peur ou l’anxiété sont disproportionnée par rapport à la menace réelle posée par la situation sociale.
- F/ La peur, l’anxiété ou l’évitement sont persistants, durant habituellement 6 mois ou plus.
- G/ La peur, l’anxiété ou l’évitement entraîne une détresse ou une altération cliniquement significative du fonctionnement social et professionnels ou d’autres domaines importants.
- H/ La peur, l’anxiété ou l’évitement n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance (p. ex. une drogue ou un médicament) ou d’une autre affection médicale.
- G/ La peur, l’anxiété ou l’évitement ne sont pas mieux expliqués par les symptômes d’un autre trouble mental, tel que le trouble panique, la dysmorphophobie ou un trouble du spectre de l’autisme.
Si une autre affection médicale (p. ex. maladie de Parkinson, obésité, défigurement ou blessure) est présente, la peur, l’anxiété ou l’évitement ne sont clairement pas liés à cette affection.

Évaluer sa pathologie :
Il existe de nombreux tests pour évaluer son anxiété mais voici ceux les plus couramment utilisé pour la phobie sociale :
- Échelle d’anxiété sociale de Leibowitz
Ce test, développé par le chercheur en psychologie Michael Liebowitz, évalue l’anxiété et l’évitement dans des situations d’interaction sociale et de performance. Composée de 24 items, elle ne permet pas de diagnostiquer mais de s’auto-evaluer.
- Le Questionnaire des peurs de Marks et Mathews
Le questionnaire des peurs a pour objectif d’évaluer l’anxiété et la dépression associées aux phobies. C’est un des instruments les plus utilisés pour évaluer l’efficacité du traitement des sujets agoraphobes et phobiques sociaux
Ces questionnaires ne sont que des auto-évaluations, seul un psychologue ou un psychiatre peut donner un diagnostic précis.
6. Traitement et thérapie
Le trouble apparait le plus souvent pendant l’enfance mais peut se déclencher à l’âge adulte après un évènement traumatisant.
La thérapie la plus efficace pour soigner la phobie est la thérapie comportementale et cognitive qui consiste à s’exposer graduellement à ses angoisses (cliquez ici pour plus d’informations sur la thérapie)
Le médecin peut prescrire un traitement médicamenteux agissant sur la recapture de la sérotonine ce qui peut diminuer chimiquement l’anxiété et ainsi aider le patient à s’exposer pendant sa thérapie.
